Kabylie Independante

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Une Kabylie indépendante politiquement peut être aussi indépendante économiquement et culturellement. Est-ce qu’il y a d’autres alternatives que l’indépendance ? Par Meqran N Amar 2eme Partie : Une Kabylie indépendante (Economiquement). 15 Juin 2022 

Dans notre article précèdent, on a donné l’argument que l’indépendance politique de la Kabylie peut réussir s’il y a une volonté de donner la voix au peuple pour choisir, dans une Algérie plurielle et démocratique.

Un autre argument avancé par les Kabyles qui sont contre ou qui ne soutiennent pas l’idée d’indépendance, c’est que la Kabylie n’a pas les moyens matériels et humains d’être économiquement fiable. 

Pour contrecarrer cet argument, d’abord on peut dire qu’il n’y a presque aucun pays qui est économiquement indépendant, même les Etats Unis d’Amérique sont dépendants des produits chinois comme l’a montré la pandémie du Covid. De même, la Chine qui fournit beaucoup de produits finis dépends des matériaux et matières premières importes d’Afrique et d’ailleurs. 

La vraie question à se poser c’est si la Kabylie a la capacité de produire pour pouvoir échanger et commercer avec d’autres pays, autres que ce que certains pays font, comme l’Algérie, dont 97% des exportations sont des hydrocarbures depuis des décennies. Après tout, la Tunisie n’exporte ni pétrole ni gaz. Sa plus grande source de revenue pendant longtemps venait du tourisme.

Quelles sont les richesses humaines et matérielles de la Kabylie et quels sont ses moyens de production?

Pour vraiment répondre à la question de savoir si la Kabylie peut être une entité économiquement fiable, il faudra faire l’inventaire ou le recensement de ses capacités matérielles productrices, ses ressources humaines et ses ressources naturelles.  

Traditionnellement et pendant longtemps, l’économie de la Kabylie était basée sur l’huile d’olive et la récolte des figues dans le domaine agricole. Elle exportait aussi le chêne liège qui était très coté en Europe, et il y avait aussi l’élevage et la pèche. Etant donné son relief montagneux, beaucoup de Kabyles ont émigré pour travailler à Alger et surtout en France, mais aussi en Belgique. Faute de moyens financiers et d’un manque de volonté politique après l’Independence, il n’y avait pas de moyens en Kabylie pour retenir les ouvriers qui avaient acquis des expériences dans les usines françaises. 

En plus, le développement de la Kabylie dépendait de l’humeur des dirigeants qui se sont suivis à la tête de l’état Algérien. Sur le plan industriel, il y a très peu d’usines en Kabylie mais il y a quelque unes, comme l’usine d’huile a Bgayet et l’usine d’électroménager à Tizi Ouzou. Une Kabylie indépendante sera plus capable de gérer et d’augmenter la capacite industrielle de la Kabylie en faisant appel au capital humain et financier énorme que détient la diaspora Kabyle car elle aura de meilleures garanties pour investir. 

Sur le plan du tourisme : La Kabylie a des sites touristiques qui ne sont pas bien connus et exploités. La Kabylie a plus de parcs nationaux que toutes les autres régions d’Algérie combinées. Mais dans les années 1970, du temps de la dictature de Boumediene, la Kabylie n’était même pas mentionnée dans les brochures publiées par l’office Algérien du tourisme.

 Voir:      https://tamurt.com/visitez-la-kabylie       pour plus d’information a ce sujet. 

 Une Kabylie indépendante prendra bien soin de promouvoir le tourisme en Kabylie. Les enfants de la diaspora Kabyle qui vivent en Europe passeront leurs vacances en Kabylie. La Kabylie est riche en eau. Et l’eau sera plus tard beaucoup plus valorisée que le pétrole. Aujourd’hui même, c’est grâce aux barrages de Kabylie qu’Alger ne manque pas d’eau, bien que la gestion de cette richesse laisse à désirer. 

La Kabylie peut fournir de l’eau en contrepartie de recevoir du pétrole et du gaz au reste de l’Algérie. La Kabylie a plus de 200 km de rivage méditerranéen à l’état vierge. Le plus grand port d’Algérie c’est Bgayet qui se trouve en Kabylie. D’autres ports peuvent être agrandis comme Tigzirt, Dellys et Azzefoun. 

Il y a aussi des possibilités pour la pèche. Les boites de sardines du Maroc se vendent aux USA. 

La Kabylie a des possibilités énormes pour la multiplication de la petite entreprise. Les industrialistes Kabyles tel que Rebrab, un des plus riches hommes d’Afrique, qui est Kabyle et qui aujourd’hui est contraint d’investir là où le régime le dirige ou d’investir ailleurs en Europe. Dans le passé il avait promis de créer des milliers d’emplois en Kabylie mais le pouvoir a refusé. 

Ces industrialistes ont la capacité de mettre sur pied des entreprises sur la technologie de pointe grâce au capital humain que la Kabylie possède. La plus grande richesse d’un pays c’est son peuple. La Kabylie a une bonne partie de sa population éduquée dans les sciences et la technologie, et en grande partie dans l’activité industrielle, due en partie par l’apport de sa diaspora. Le peuple Kabyle qui participe à la fabrication de produits finis dans les pays Européens aura beaucoup plus de chance de venir travailler et investir dans une Kabylie indépendante que dans une Kabylie occupée, comme c’est le cas aujourd’hui. Il faudra faire un inventaire de ce potentiel humain pour mieux le gérer et le promouvoir.  

Il y a beaucoup de pays indépendants comme dans les iles caraïbes qui dépendent exclusivement du tourisme et avec seulement des dizaines ou des centaines de milliers d’habitants. La Kabylie avec ses six à sept millions d’habitants en Kabylie même et au moins deux millions dans la diaspora, peut devenir la Suisse de l’Afrique du Nord (Tamazgha) avec un régime démocratique et fédéral qui tient compte de nos valeurs ancestrales.   

Comme mentionné auparavant dans la première partie, il y a plus de vingt (20) pays en Europe qui sont indépendants et qui ont beaucoup moins de superficie, richesses naturelles et potentiel humain que la Kabylie. L’argument que la Kabylie ne sera pas fiable économiquement si elle ne fait pas partie de l’Algérie ne tient pas debout car la Kabylie aujourd’hui ne dépend pas de la rente pétrolière qui bénéficie surtout les serviteurs du régime en premier lieu l’armée, la police et la gendarmerie, tous agents d’oppression de la Kabylie et des kabyles. Comme dans beaucoup de pays qui dépendent de la rente pétrolière, c’est plutôt une calamité qu’une richesse de l’avoir et beaucoup de pays se portent très bien économiquement sans cette rente.

 Une Kabylie indépendante dépendra plus de la richesse obtenue par le travail de ses habitants plutôt que de l’exploitation des richesses naturelles. La tradition des Kabyles est plutôt de préserver la nature et de prendre seulement ce dont ils ont besoin d’elle. La richesse viendra de la valeur ajoutée, du tourisme, l’usage de la technologie et les métiers d’avenir. La richesse viendra du travail et des moyens de transformation. Mais pas des mines bien que ce soit possible que le sous-sol de Kabylie contienne beaucoup de minéraux. 

Pour conclure, l’idée que l’Indépendance pourra nuire économiquement à la Kabylie n’est pas bien fondée. Au contraire, un pays qui avance est celui qui crée des richesses par le travail de son peuple. La Corée du Sud offre un bon exemple. Mais depuis l’indépendance de l’Algérie, l’Algérien en général et le Kabyle en particulier a été conditionné à compter sur la rente pétrolière pour satisfaire ses besoins, aux dépends du travail. 

 Une Kabylie indépendante va libérer l’homme Kabyle de cet état de dépendance de la rente pétrolière comme seule source de richesse. Ce n’est même pas vrai puisqu’il ne bénéficie pas de cette richesse.  Ce refus ou indifférence à supporter l’indépendance de la Kabylie est justement lié à son conditionnement d’être dépendant des autres, de ceux-là même qui veulent sa destruction. Alors, pour justifier son point de vue, il avance des arguments qui ne sont pas basés sur des faits mais sur des émotions ou bien la peur de l’avenir.  

L’indépendance commence dans les esprits. Quand ces esprits ne s’attachent plus aux arguments fallacieux et décident d’analyser la situation, ils trouveront que la Kabylie a besoin de leur support et qu’ils peuvent contribuer avec leurs idées et leur énergie, en commençant d’abord à se libérer eux-mêmes des croyances bien ancrées : Je ne peux pas être indépendant car je n’ai rien à offrir. 

La Kabylie a beaucoup à offrir à ses enfants quand ils décideront de prendre leur destin en main.